Archive dans 2017

Budget 2018 : Les premiers pas du grand pari de l’exécutif

Le mercredi 27 septembre, le premier projet de loi de finances (PLF) pour 2018 a été présenté devant les ministres afin de fixer le cap de l’année à venir. L’objectif est crucial car il rend compte des promesses de campagne et affiche aux yeux du grand public, une ligne de conduite en réponse aux hostilités naissantes de la rue.

Les grands gagnants de 2018

L’annonce du budget pour l’année 2018 a fait des heureux dans les quelques domaines où le gouvernement a choisi de concentrer ses contributions financières. Parmi eux, la défense voit généreusement son budget augmenter de 1,8 milliards d’euros, faible surprise tant Emmanuel Macron qualifiait de « priorité » la sécurité nationale lors de sa campagne.

De même, la promesse faite de miser sur le potentiel des jeunes générations est respectée par une hausse de 1,3 milliards d’euros du budget de l’éducation nationale. Cette somme servira notamment à la réalisation des tant attendues classes de 12 élèves en CP et CE1 dans les ZEP, mais aussi à la mise en place de « stages de réussite » pendant les vacances, et la proposition d’un temps d’étude accompagnée au collège. Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, promet également le recrutement sur 5 ans de 22 500 accompagnateurs pour les élèves en situation de handicap.

L’écologie sera elle aussi au cœur du grand chantier de 2018 avec un budget passant de 9,9 milliards d’euros en 2017 à 10,4 milliards en 2018. Parmi les grandes mesures lancées figurent l’élaboration d’un « chèque d’énergie » pour aider les ménages modestes en situation de précarité énergétique, le développement des énergies durables et une transition vers les véhicules propres. D’autres domaines seront également mis en avant comme la Justice et ses services pénitenciers, la marche vers une égalité entre les femmes et les hommes, sous oublier la sphère sociale.

Or, les mesures les plus attendues par les citoyens sont sûrement celles qui les touchent de manière directe. Ce budget prévoit alors la baisse simultanée de 10,3 milliards d’euro de prélèvements obligatoires sur les entreprises et sur les ménages. Pour les entreprises, le budget projette une exonération de 4 milliards sur le CICE et une baisse de 1,2 milliards de l’impôt sur les sociétés. Du côté des ménages, le gouvernement prévoit une transformation de l’ISF qui équivaudrait à une baisse de 3,2 milliards. Une exonération sur les taxes d’habitation de 3 milliards et l’organisation d’un prélèvement forfaitaire unique constituant une baisse de 1,2 milliards.

Des coupes budgétaires conséquentes et ciblées

Toutes ces mesures font parallèlement quelques mécontents qui devront supporter tant bien que mal des coupes budgétaires d’un total de 15 milliards d’euros. La sécurité sociale verra entre autre son budget réduit de 5 milliards d’euros, les collectivités territoriales de 3 milliards et l’État de 7 milliards.

Aussi, la baisse des emplois aidés, transférés vers une augmentation des formations, permettra une économie de 1,5 milliards d’euros à l’État mais ne devrait pas améliorer l’actuelle situation du chômage. Des économies sont également prévues sur les aides aux logements (à savoir les APL et les HLM) avec une promesse de restructuration de l’offre sur l’habitat. Enfin, le sport et les transports sont eux les « grands oubliés » du budget 2018, se voyant attribuer une faible part du-dit budget, réduisant donc leurs possibles marges d’action.

Le gouvernement a en effet décidé de faire des choix tranchés et assumés qui permettront selon lui de réelles économies plutôt que répartir des coupes minimes sur différents secteurs. Bercy a par ailleurs annoncé sans donner plus de précisions que d’autres restrictions se dessineront pendant le quinquennat.

Qu’en est-il de l’État français ?

Au grand plaisir de l’Union européenne , une baisse du déficit public de 2,6 % du PIB est prévue d’ici un an. La promesse d’Emmanuel Macron envers l’Europe de ramener le déficit public dans la limite autorisée sera donc lancée plus vite que prévue.  

Pour ce qui est de la dépense publique qui devait rester stable, elle augmentera de 0,5 % (hors inflation) pour cause d’une « sous-budgétisation » de 5 milliards dans certains domaines selon Bercy.

Les recettes de l’État devront s’élever à 302 milliards d’euros (en majeure partie grâce aux taxes sur la consommation de produit énergétiques, sur la valeur ajoutée ainsi que l’impôt sur le revenu et sur les sociétés) et ses dépenses à 386,3 milliards, soit un déficit de 84,3 milliards.

Le gouvernement a conjecturé une stabilisation progressive des finances publiques dans la trajectoire quinquennale. La dette publique devrait en effet passer de 96,8 % du PIB à 91,4 % d’ici 2022 et les dépenses publiques devrait être ramenées à 50,9 % du PIB. Le grand défi du gouvernement sera donc d’opérer aux profondes modifications que sa tête pensante a promis lors de la campagne, tout en stabilisant les dépenses étatiques.

Même si les français ne s’attendent pas à un miracle dès la première année du mandat de Macron, ce budget témoigne de la ligne de conduite adoptée par le gouvernement et expose de manière ostensible ses priorités. C’est au terme de ce quinquennat que nous verrons si le défi que s’est lancé l’actuel Président de la République aura réussi à convaincre les français et servir comme il se doit leurs intérêts. Succès ou revers, ce qui est certain à l’heure actuelle, c’est que de grandes réformes sont « en marche ».

DTA! – Interview de Olivier Dassault, député LR

Troisième article de notre format : “Dans Ton Assemblée !”. Cette semaine nous retrouvons, dans une interview exclusive, le député de la 1ère circonscription de l’Oise : Olivier DASSAULT, qui appartient au groupe « Les Républicains » !

« Nous souhaitons être une opposition intelligente, qui accompagne les décisions qui vont dans le bon sens ».

 

Le groupe Les Républicains est-il un des groupes qui fournit une véritable opposition ?

Avec 100 députés et 171 sénateurs depuis dimanche Les Républicains et leurs alliés sont le premier groupe d’opposition au Parlement.

Ils portent la voix des millions de Français qui se sont reconnus dans la candidature de François Fillon, ceux qui ont toujours soutenu Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac et si l’on remonte plus loin le Général de Gaulle.

Pour autant nous souhaitons être une opposition intelligente, qui accompagne les décisions qui vont dans le bon sens comme certaines dispositions de la réforme du code du travail et qui s’oppose à la hausse des prix du diesel et de la CSG qui va appauvrir les habitants des territoires ruraux et les retraités mais aussi la baisse des Aides pour le Logement qui va toucher les personnes plus fragiles.

Est-ce qu’il y a une véritable rupture entre votre groupe et le groupe LC ?

De notre côté la porte est ouverte aux membres des Républicains qui y siègent mais je pense qu’il faut d’abord que ce nouveau groupe trouve sa voie politique et son utilité alors que la majorité présidentielle n’a aucun besoin de son apport numérique pour faire passer ses textes.

Quels sont les grands rendez-vous parlementaires pour cette fin d’année et quels sont vos horizons d’attentes pour 2018 ?

Le budget est toujours le grand rendez-vous parlementaire de la fin d’année. En plus il est prévu que désormais nous ayons un budget pour les 5 ans du quinquennat, je suis curieux de le découvrir.

Les réformes de l’Impôt sur la Fortune et de la taxe d’habitation entreront en vigueur au 1er janvier 2018. Le crédit d’impôt compétitivité-emploi devrait être transformé également cette année. Les annonces sont là. Il reste maintenant à voir ce qu’il en adviendra réellement.

Quelle est la chose que vous appréciez le plus dans votre fonction de député ?

Le fait d’être au contact chaque week-end des habitants de la première circonscription de l’Oise que j’ai l’honneur de représenter depuis 1988.

Quel est votre avis sur les ordonnances ?

Le dispositif des ordonnances existe dans la constitution pour une raison bien spécifique : permettre au Gouvernement d’aller vite. Je suis un légaliste et un gaulliste donc je respecte leur utilisation prévue par la Constitution. Evidemment elles ne doivent pas devenir la norme.

On pense souvent que les groupes d’oppositions ont du mépris pour la majorité : vrai ou faux ?

Généralement c’est plutôt l’inverse, l’arrogance venant en gagnant les élections. Mais celle-ci se dissipe rapidement car avec le travail parlementaire nous apprenons à nous connaître et nous découvrons des points d’entente. Le mépris n’a pas sa place à l’Assemblée nationale.  

Comment se déroule le travail de parlementaire en dehors des séances publiques ?

Le travail parlementaire se fait majoritairement en commission où nous discutions les projets et propositions de lois. En fonction de nos rôles sur tel ou tel texte, rapporteur, rapporteur pour avis, orateur de groupe, nous travaillons ensuite individuellement avec les administrateurs de l’Assemblée pour en maîtriser toutes les subtilités.

Êtes-vous prêt à voter POUR une loi qui semble aller dans le bon sens ?

Bien entendu. Un député est avant tout un représentant de la Nation et ses choix doivent être avant tout guidés par l’intérêt général. Par exemple je pense que la réforme du code du travail portée par le gouvernement si elle ne va pas assez loin va dans le bon sens et donc je l’ai soutenu en votant pour.

Un député vote en fonction de ce que le groupe décide ou de ce que ses électeurs trouvent le mieux ?

Un député vote en fonction de l’intérêt général après il est vrai qu’une certaine cohérence est nécessaire et que la discipline de vote existe néanmoins les députés sont des hommes et des femmes libres qui votent en leur âme et conscience.

– Questions choisies et propos recueillis par Arthur Lambert pour Les Décryptages.


Nous remercions encore M. Dassault pour avoir répondu à nos questions et vous disons à bientôt pour de nouveaux articles !

Birmanie : récit d’un nettoyage ethnique

Il y a plus d’un mois que le “nettoyage ethnique” des Rohingyas par l’armée birmane a commencé, et la situation semble toujours figée. Le 25 août, une attaque des militants de l’Armée du Salut des Rohingyas de l’Arakan (ASRA) sur des postes-frontières de la région a provoqué une réaction démesurée des militaires, à l’origine de la destruction de deux-cents villages Rohingyas et d’un exode de plus de 400 000 réfugiés. D’où viennent ces tensions, quelles en sont les conséquences ? Réponses.


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DTA! – Interview de Christophe Bouillon, député Nouvelle Gauche

Bienvenue dans ce second article de “Dans Ton Assemblée !”, votre nouveau format qui décrypte l’Assemblée Nationale ! Cette semaine, nous retrouvons le député de la 5ème circonscription de Seine-Maritime Christophe BOUILLON. Il appartient au groupe « Nouvelle Gauche » et siège à la commission du Développement durable et de l’aménagement du territoire. Il est également membre de l’Office Parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques : c’est une de ses missions de parlementaire.

Comment s’est déroulée votre arrivée au sein de l’Assemblée ?

Plutôt bien ! J’y suis entré pour le troisième et sans doute dernier mandat. Je maîtrise mieux les codes de l’Assemblée, contrairement à 2007 où c’était davantage la découverte.

Après quelques mois au sein de l’Assemblée nationale, vous avez été un des groupes les plus dynamiques. Considérez-vous le groupe « Nouvelle Gauche » comme une véritable force de propositions ?

Le groupe « Nouvelle Gauche » est à la fois force d’opposition et force de propositions. Personnellement, j’ai fait campagne sur le thème « ni opposition systématique, ni majorité automatique ». Je respecte cette ligne qui est d’abord un engagement vis-à-vis des habitants de ma circonscription.

Êtes-vous l’équivalent de gauche du groupe « les Constructifs » ?

Pas tout à fait. Nous n’avons pas voté la confiance au Gouvernement, contrairement au groupe « les Constructifs ». Par ailleurs, ce groupe est issu d’une division des Républicains ; le groupe « Nouvelle Gauche » rassemble, au contraire, les députés socialistes. L’un souhaite l’éclatement de la droite, l’autre entend participer à la reconstruction ou refondation du Parti Socialiste et au renouvellement de la gauche.

Concernant les questions au Gouvernement, avez-vous un angle d’attaque plus particulier qu’un autre ?

Ma « marotte », c’est le développement durable et les questions énergétiques. J’ai beaucoup travaillé sur la loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte et toutes les lois importantes du précédent quinquennat. Mon objectif, c’est qu’on ne dévie pas de la trajectoire et qu’au contraire, on accélère la démarche. A côté de ces questions qui sont essentielles, j’interpelle régulièrement le Gouvernement sur des sujets qui ne sont pas nécessairement au cœur de l’actualité mais qui concernent pourtant le quotidien d’un grand nombre, par exemple, ces derniers mois, j’ai saisi des ministres sur les questions liées à l’apprentissage, à la protection des tuteurs familiaux, à la tarification des EHPAD, au handicap…

Quel est votre avis sur les ordonnances publiées récemment ?

Je me félicite de plusieurs avancées en particulier pour les TPE et PME. Mais je dénonce le fait que la protection des salariés est le parent pauvre de cette réforme. Je ne crois pas qu’une plus grande flexibilité s’accompagne des embauches escomptées. Je déplore entre autre la fin du « compte pénibilité » qui permettait aux salariés qui travaillent dans des conditions difficiles d’anticiper leur départ à la retraite. Désormais, la manutention de charges lourdes, l’exposition aux postures pénibles, l’exposition aux vibrations mécaniques et aux risques chimiques ne seront plus prises en compte pour mesurer la pénibilité. C’est un très mauvais coup porté aux salariés. Le Premier Ministre a indiqué que le texte ferait l’objet d’un débat à l’Assemblée nationale. Avec mes collègues, nous poserons un certain nombre de principes sur lesquels il est essentiel de revenir pour rendre cette réforme acceptable. En l’état, elle ne l’est pas.

Nous sommes en période de rentrée scolaire, quelle est pour vous la principale chose à réformer dans l’école en général ?

Il serait bon d’éviter de détricoter systématiquement le travail des prédécesseurs ! Chaque ministre veut accrocher son nom à une réforme et cela aboutit à des décisions prises dans la précipitation, sans prendre suffisamment soin d’évaluer et d’analyser ce qu’il conviendrait de maintenir ou de faire évoluer. Il faudrait, au contraire, se donner du temps. Replacer l’enfant-élève au cœur du dispositif me paraît aussi essentiel. Je veux également insister sur le fait que l’éducation ne doit pas seulement former à un futur métier ; elle doit aussi forger des citoyens par l’apprentissage des fondamentaux et la formation d’esprit critique. Qu’on arrête de regarder les études PISA comme l’unique thermomètre de l’action !

« L’éducation doit forger des citoyens par l’apprentissage des fondamentaux et la formation d’esprit critique »

Est-ce important pour vous de rendre accessible la politique à toutes et tous ?

Oui, c’est fondamental. Dans mon parcours, depuis toujours, j’y veille en favorisant, concrètement, le renouvellement et le rajeunissement de la vie publique. Je suis sensible à cette question car j’ai le souvenir précis du jour où j’ai dit à ma mère que j’avais envie de faire de la politique. Elle m’a répondu : « la politique, ce n’est pas pour nous » (je suis fils d’une femme de ménage et d’un marin). Je n’ai cessé, depuis lors, de lui démontrer le contraire.

Comment qualifiez-vous vos relations avec les différents groupes ?

Elles sont plutôt bonnes. En commission, je trouve qu’il y a un esprit de travail. Il est vrai que l’on ne choisit pas de siéger à la Commission Développement Durable et Aménagement du Territoire par hasard. Il faut avoir un intérêt pour le sujet. J’y retrouve donc des hommes et des femmes passionnés par ces questions. En séance, la posture l’emporte parfois sur le reste…

Pouvez-vous nous expliquer les enjeux du Projet de Loi de Finances ? Quelles sont vos attentes là-dessus ?

C’est le premier Projet de Loi de Finances du gouvernement. C’est une épreuve de vérité. Jusqu’alors, le gouvernement a donné le sentiment d’être inspiration très libérale. Le centre de gravité est clairement à droite. A travers les priorités et les choix budgétaires, je crois pouvoir vérifier ou pas ce constat. Les masques vont sans doute tomber. Le « ni droite, ni gauche » va peut-être devenir « ni gauche, ni gauche » qu’illustrent des options que je juge négatives pour le pays et les Français. Je regrette notamment les décisions qui concernent les contrats aidés ou la baisse des APL. Je serai vigilant sur les questions liées à l’environnement. J’apprécie les déclarations de Nicolas Hulot avec l’annonce du Plan Climat. Mais il ne faudrait pas qu’elles soient contrariées par un manque de moyens budgétaires ou des décisions contradictoires. A quand une vraie fiscalité écologique ? Par ailleurs, je m’opposerai résolument à l’augmentation de la CSG !

Un député « Nouvelle Gauche », c’est un député qui…

… qui rejette la vieille politique et qui reste de gauche !

Quelle est votre journée-type ?

Je préfère vous décrire une semaine-type car aucune journée ne ressemble vraiment à une autre ! En général, le lundi, je travaille sur les dossiers, je réunis mon équipe et je participe à des réunions et des rendez-vous avec les administrations. Du mardi matin au jeudi midi, je suis à l’Assemblée nationale. Le jeudi après-midi et la journée du vendredi, je vais à la rencontre des habitants de la circonscription, en les recevant en rendez-vous et en effectuant des visites de terrain (visites d’entreprises, d’exploitations agricoles, d’associations…). Le samedi et le dimanche, je sillonne la circonscription pour participer à diverses manifestations organisées dans les communes. C’est un schéma-type qu’un impératif vient toujours perturber ! Quoiqu’il en soit, mon agenda ne compte aucune journée « vide ».

Un député, ce doit être une personne de terrain ou de fond ?

J’ai envie de vous répondre « les deux, mon capitaine ! » Pour ma part, j’ai bâti ma démarche sur le « terrain et l’humain ». Les deux sont indissociables et se complètent : il faut à la fois être à l’Assemblée pour voter la Loi, l’amender, l’améliorer, et à la fois être sur le terrain pour accompagner, soutenir, s’inspirer et défendre. Un député, c’est « la tête et les jambes » ! La fonction demande de réfléchir aux enjeux du pays et de la société et d’agir pour y répondre. Je considère qu’il faut être aussi proche des problèmes que des solutions. Cela est exigeant mais c’est le juste retour de la confiance que les citoyens nous ont accordée, me semble-t-il.

– Propos recueillis par Arthur Lambert.


Nous remercions encore M. Bouillon pour avoir répondu à nos questions et vous disons à bientôt pour de nouveaux articles !

“A nous les jeux”, ou Paris 2024

Le 13 septembre 2017, à Lima (Pérou), la ville de Paris s’est vu désignée par le CIO (Comité International Olympique) comme organisateur des Jeux Olympiques d’été de 2024.

Les Jeux Antiques, réinventés en Jeux Olympiques à Athènes en 1896, sont une tradition et un honneur pour les villes hôtes comme le sera Paris, qui à compter de cette annonce dispose de 7 ans pour s’atteler à l’organisation de cet événement d’envergure…

 

Un processus soigneusement réfléchi

Les 33e JO de l’histoire se dérouleront du 2 au 18 août 2024 (à l’exception du football qui débutera le 31 juillet 2024). La machine étant lancée, un calendrier strict s’érige pour l’ensemble des préparatifs ; à savoir l’élaboration du drapeau olympique (fin 2020), le choix des mascottes (2021), le recrutement des volontaires (2022) ou encore la mise en vente des billets, prévue pour 2023.

Sur les 36 sites annoncés, 26 existent déjà, 8 seront temporaires et 2 seront construits.

Le coût total des préparatifs s’élève à 6,6 milliards d’euros : 500 000 millions seront financés par la dépense publique et 1 milliard viendra directement des caisses de l’État.

Au programme, les 28 disciplines proposées à Rio auxquelles s’ajouteront probablement de nouveaux sports comme le billard et la pétanque, les comités nationaux de ces disciplines ayant déjà déposés leurs candidatures.
L’ensemble des Jeux se dérouleront à Paris-même, à l’exception des sports nautiques prévus à Marseille. Quand-à lui, le football sera réparti dans 9 stades : Bordeaux, Lille, Nice, Toulouse, Nantes, Marseille, Lyon, Saint-Etienne et le Parc des Princes (pour les « grands matchs »).

 

Un enthousiasme général…

L’annonce de l’attribution de l’organisation des Jeux Olympiques pour Paris a été reçue comme une victoire collective et très grandement célébrée. Après les campagnes publicitaires rythmées par des slogans tels que « Gagnons Ensemble », « Venez Partager » ou encore « La force d’un rêve », nous pouvons désormais admirer dans les métros, les rues, sur l’Arc de triomphe, la tour Eiffel ou encore dans les yeux d’Anne Hidalgo, maire de Paris, la fierté d’accueillir cet événement mondial.

Il convient de rappeler qu’il y a près de 100 ans (100 ans pile en 2024), la France organisait déjà les Jeux Olympiques d’été (1924) grâce au militantisme de Pierre de Coubertin (qui avait également organisé les Jeux de 1900), ce qui ajoute un caractère commémoratif à l’événement. A l’occasion des Jeux du siècle dernier, Coubertin introduit le célèbre « Citius, Altius, Fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort ») et en fit la devise olympique. De même, il initia le rituel de la levée des trois drapeaux lors de la cérémonie de clôture.

Aujourd’hui, Paris est bien décidée à faire de ces Jeux un événement collectif de grande ampleur, afin d’accroître son attractivité estivale et son rayonnement culturel. Pour ce, les organisateurs ont déjà annoncé que la moitié des billets seront vendus à moins de 50 euros et que certains pourront descendre jusqu’à 15 euros. Une annonce satisfaisant les divers acteurs, aussi bien les fans de sports, que les organisateurs évitant la malédiction des salles combles.

 

… pas si général que ça

Malgré la volonté d’afficher une satisfaction générale, certains échos commencent à se faire entendre. Le journal du dimanche a publié un sondage montrant que « 83 % des français soutiennent les Jeux ». Or, Il s’avère que le commanditaire dudit sondage n’est autre que MTKG, contribuable de Paris 2024, remettant en doute son objectivité.

Paris 2024 est tout d’abord remis en cause pour des raisons pécuniaires. Alexandre Delaigue, professeur d’économie à Lille I, a notamment démontré le surcoût systématique des villes hôtes. Pour cause, le délai strict imposé aux organisateurs les forçant à boucler leur projet en un temps record, doublé de la forte médiatisation mettant en jeu la réputation de la ville organisatrice. Plus courant encore, le CIO a pour coutume de faire jouer la concurrence entre les villes candidates afin d’obtenir une flambée des prix, comme ce fut le cas à Athènes en 2004.

Autres mécontents de l’attribution des jeux : les riverains et les écologistes soucieux du sacrifice de plusieurs hectares de terrains au profit de stades en béton. De même, certains parisiens se disent nuancés, heureux certes, de voir la capitale en pleine mouvance sportive, mais craintifs quant à la dégradation de la circulation et l’augmentation de la pollution, déjà largement décriées à Paris en période creuse.

Des manifestations ont déjà été organisées, notamment le mercredi 13 septembre (soir du verdict). Une cinquantaine de manifestant s’étaient réunis à Paris autour du collectif citoyen « Non aux JO 2024 », pour souligner le manque de démocratie dans cette candidature déclenchée sans l’aval d’une majorité populaire. Un mouvement dont-on entendra encore sûrement parler…

 

Mais si un fragment de la population se dit opposé à Paris 2024, nombreux sont les français impatients de vivre au rythme de cet événement sportif à caractère exceptionnel.

Quoi qu’on en dise, Paris entrera dans l’histoire aux cotés de Londres et Los Angeles, faisant désormais partie des trois seules villes à avoir accueilli trois JO. La flamme olympique brillera donc en 2024 au cœur de la ville lumière.

 

DTA! – Interview de Nathalie Avy-Elimas, députée MoDem.

C’est la première fois que vous tombez sur ce genre d’article sur « Les Décryptages ». En cette rentrée 2017, nous avons décidé de mettre en place une rubrique spéciale concernant l’actualité de l’Assemblée Nationale : “Dans Ton Assemblée!”. Au cœur des commissions parlementaires, des séances publiques et avec les députés, nous plongeons au sein de l’institution.

Aujourd’hui, nous commençons fort; avec une interview de la députée MoDem (Mouvement Démocrate, présidé par Francois Bayrou) du Val d’Oise : Nathalie AVY-ELIMAS, qui a accepté de répondre à nos questions.


Comment s’est déroulée votre arrivée au sein de l’Assemblée ?

Les personnels des services administratifs de l’Assemblée nationale ont fait l’impossible pour nous mettre dans de bonnes conditions. Je souhaite les en remercier car cela m’a permis de prendre mes marques plus sereinement et de me mettre vite en action. Pour le reste, comme mes collègues, j’ai dû, en quelques semaines, organiser ma vie personnelle, constituer une équipe, trouver un local en circonscription, répondre aux sollicitations… Le tout alors que les premiers travaux parlementaires – et non des moindres – commençaient.

Les groupes LREM / MoDem sont-ils les meilleurs amis du monde ?

La relation entre les groupes LREM et MoDem s’appuie sur la volonté des députés qui en sont membres de transformer la France pour qu’elle entre enfin dans le 21e siècle et qu’elle s’adapte au monde qui l’entoure.

Nous avons nos sensibilités – et cela est même vrai au sein d’un groupe – mais nous sommes d’accord sur l’essentiel, à savoir la nécessité de réformer notre pays en modernisant notre économie, en remettant l’éducation au centre de notre cohésion nationale et en redonnant confiance à nos concitoyens dans leurs institutions et leurs représentants.

Il ne faut pas lire les choses de manière binaire : amis ou ennemis. Nous sommes partenaires. Nous ne serons pas d’accord sur tout mais nous souhaitons tous avancer dans le même sens.

Pourriez-vous voter contre une loi si elle ne vous semble pas intéressante ou n’allant pas dans le bon sens ?

J’ai la chance d’appartenir à un groupe – le MoDem – dont les membres partagent en commun un grand nombre de valeurs. Il y a donc des chances pour que je me retrouve dans les positions du groupe.

Si cela n’était pas le cas – et notamment si je considère qu’une ligne rouge pourrait être franchie – je n’exclurais pas de voter contre en séance. Mais cela se ferait en bonne intelligence et après discussion avec les dirigeants du groupe.

Avec deux très grands groupes majoritaires, comment cela s’organise en interne ?

Les échanges sont constants entre les dirigeants de nos deux groupes. Pour le moment, j’ai plutôt l’impression que cela fonctionne. De mon point de vue, Marc Fesneau, jusque-là secrétaire général du MoDem représente très bien notre groupe dont il porte la voix au sein de la majorité. Je regarde donc cela de loin et souhaite me concentrer sur mon propre travail à l’Assemblée, au sein de la Commission des affaires sociales.

Quels sont vos horizons d’attente pour cette rentrée parlementaire ?

A court terme, le PLF et le PLFSS constitueront les deux temps forts de l’actualité parlementaire. Les politiques publiques conduites depuis 10 ans ont abouti à une désertification dans les territoires ruraux : moins de services publics aux personnes (santé, éducation, leviers sociaux) et une déliquescence de la présence de l’Etat près de ceux qui en ont le plus besoin. Je m’inscris totalement dans l’ambition du président de la République dans sa volonté de revenir vraiment au principe d’égalité. L’Etat doit faire plus pour ceux qui cumulent les difficultés et j’espère que ces premiers PLF et PLFSS du quinquennat apporteront une réponse en ce sens.

Aujourd’hui, les citoyens des « quartiers » et ceux des milieux ruraux ont le sentiment d’être délaissés. Pour rester fidèle à ses principes, la République ne doit pas lâcher ces territoires. Il est intéressant de noter d’ailleurs que la carte des territoires souffrant d’un manque de services publics et celle de ceux ayant majoritairement voté pour un candidat populiste au 1er tour de la présidentielle se superposent.

Quelle est la chose qui vous a le plus surpris au moment de prendre vos fonctions ?

Incontestablement la masse de sollicitations. Je reçois chaque jour de nombreuses demandes. Mes attachés parlementaires m’aident heureusement à y répondre. Sans eux, il me serait difficile de me concentrer sur le fond des sujets que je traite.

« Je souhaite porter la voix de la sensibilité démocrate et humaniste »

Un député, c’est quelqu’un de terrain ou de fond ?

A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, mais également de la forte demande en démocratie participative, il me semble difficile pour un député d’occulter complètement le terrain. D’un autre côté, beaucoup de députés ont une compétence « métier » ou technique sur certains sujets. Je peux alors comprendre qu’ils soient tentés de se spécialiser sur des thématiques qu’ils maitrisent. René Dosière, dont le travail a été considérable pour faire avancer les choses sur la transparence de la vie publique, illustre parfaitement ce type de député.

Chaque député doit trouver son style. Pour ma part, je souhaite porter la voix de la sensibilité démocrate et humaniste à la Commission des affaires sociales, notamment sur les sujets liés à la santé. Mais je compte bien garder mes réflexes d’ancienne adjointe au maire : rencontrer les habitants et rester à l’écoute de ce qu’il se passe dans mon territoire, là où je vis, où mes enfants vont à l’école et où j’ai longtemps travaillé. Je suis notamment en train de mettre en place un comité participatif, ouvert sans considérations partisanes aux habitants et aux usagers de la circonscription qui souhaiteront collectivement faire avancer un sujet ou co-construire des solutions législatives.

– Propos recueillis par Arthur Lambert.


Nous remercions encore Mme Avy-Elimas pour avoir répondu à nos questions et vous disons à bientôt pour de nouveaux articles !

Al-Jazeera: torn by Arab regional tensions

June 5, 2017; rude awakening for Qatar. No less than 10 Persian Gulf countries, led by Saudi Arabia, decide to sever all diplomatic relations with Doha (the Qatari capital). All land, air and sea borders are closed, as well as the offices of news network Al-Jazeera in Riyad (Saudi Arabia’s capital). In June, Qatar received an ultimatum: they had to agree to 13 conditions intended to ease regional tensions. One of them was to shut down the entire Al-Jazeera company. Les Décryptages explain how the “Arab CNN” became the center of international political demands.

Thunderous beginning

In 1996, Hamad Ben Khalifa, Qatar’s head of armed forces, decided to unseat Khalifa Ben Hamad – his own father – and to seize power. He then started to actively modernize the young emirate, which had gained independence in 1971. Modernization included increased visibility for Qatar on the regional and international stage, and this happened via a two-word tool: “Al-Jazeera”.

Literally meaning “the island” in Arabic, Al-Jazeera news network had one goal: to end the Saudi hegemony on Arab TV. It set about becoming the first Arabic-speaking news channel, reaching far beyond the Gulf. In the entire Arab region, from Morocco to Algeria to Cisjordania, Arabic-speaking journalists were poached by the growing Qatari firm. The news are now produced in Arabic, by Arabs, for Arabs.

Success built gradually. In 2008, Al-Jazeera was watched daily by 30 to 40 million people. Celebrities, like Fayçal Al Kaceem, moderate impassioned debates over political, religious, cultural, and economic issues, which sometimes end in live altercations. The chain truly reflects the arab world, down to the tiniest detail…

Before Al-Jazeera, the Arab TV industry was controlled by two distinct spheres. First the BBC, a single British news operation with an international-oriented continuous feed. Second, a series of national chains, each controlled by its government, and each unapologetically praising its current regime. Al-Jazeera positions itself between these two spheres: no apparent government control, and no foreign control.

This “independent” editorial line serves the company’s image: calling the network “island” was not random. The apparent lack of ties ensures news “objectivity”, and insularity is promoted. The slogan conveys a similar message: with Al-Jazeera, you get “the opinion, and its contrary”.

“Independence and its contrary” ?

Compared to other Arab channels, Al-Jazeera seems to have a different, remarkable tone. As early as 1998, Al-Jazeera breaks with the usual editorial line of the Arab media landscape by publishing its own images of bombings in Irak, while other chains downplay the damages caused by the attacks.

However, Al-Jazeera is at the heart of a controversy, accused by its competitors of “providing a loudspeaker to islamism”. After the September 11 attacks, the Qatari channel notably showed videos filmed and sent by Oussama Ben Laden himself. Years later, this reputation led Mohamed Mera to send videos of his massacres of children from the Ozar Hatorah school, that Al-Jazeera chose not to broadcast.

Opponents to Al-Jazeera also question its independency. Since it is a tool of the Qatari soft Power, the network leaders cannot choose themselves which images to publish. Each coverage of external events seems to be consciously thought out. Indeed, it is easy to guess the state of diplomatic relations between Qatar and its neighbours by looking at the angle used to cover foreign events.

Al-Jazeera has even shown support for and given a platform to people strongly opposed to particular regimes. The show “Charia and life”, features Youcef Al-Qardawi, a preacher from the Muslim Brothers movement. The brotherhood is considered a terrorist organisation by the Egyptian government. No doubt such support from this media was one of the main reasons why Egypt joined Saudi Arabia in the recent diplomatic spat with Qatar. In other words, Qatar seems to have a more or less discrete control over Al-Jazeera’s editorial line. Last but not least, Al-Qardawi is also renowned for provocative positions that led to his forbidding of European countries.

Meanwhile, there are no articles about the Qatari state. Human rights, wealth inequalities… “Al-Jazeera” talks about other countries but remains mum on Qatar.

Expansion.

The future was bright for Al-Jazeera. Viewers were many, the chain was in a situation of quasi-monopoly in the Arab news media industry. It was a true empire in process of building up.

Al-Jazeera soon had two little twin sisters in the UK and Bosnia. The sports channel Al-Jazeera Sport was then born, allowing international development. Likewise, BeInsport was created in France, seriously hurting older, monopoly-like networks such as Canal+. The American subsidiary of the channel with a gold logo, Al-Jazeera America was also created, with a French subsidiary soon to follow.

Each channel has a specific editorial line depending on its audience. For instance, Al-Jazeera English tends to lend a voice to Third World countries with numerous correspondents in Africa and Asia. The style of these channels is more restrained, with less polemic shows than the original one.

Threatening influence

This fast expansion also brings tensions. Particularly in Saudi Arabia, scared by the prospect of increasing Qatari influence, beyond the Persian Gulf boundaries.

Indeed, Saudi Arabia has always had expansionist views in the region; Qatar is one of the emirates most threatened by this goal. In 1921, Ibn Séoud, founder of the Saudi Arabian Kingdom, set about taking the Qatari land. He was stopped by a strong refusal from the British colonies, and Qatar’s existence is only due to the British presence in the region. For Saudi Arabia, which considered the emirate was part of its own territory, an ambitious emancipation can be perceived as an humiliation. Particularly when Qatar shows pride and becomes a real competitor in terms of regional influence. Thus, the very existence of Al-Jazeera proves to be a factor that can damage relations between Qatar and Saudi Arabia.

Is the island sinking ?

Al-Jazeera seems to have encountered many difficulties these past few years. First, competition keeps increasing. Many national news channels get more viewers everyday, robbing the qatari channel of precious percentage points.

Besides, the coverage of the Arab Spring by the golden channel, accused of supporting islamist candidates in the elections, may have caused significant loss of audience.

Finally, the success of Al-Jazeera’s business expansionism should also be questioned. In 2016, during a time of decreasing fossil fuel prices, several hundred employees were laid off. It was also hard for Al-Jazeera America to find its audience, so much so that the American channel folded in April 2016.

The request from the anti-Qatar coalition appears to be the last straw: the definite end of the company is required. Qatar would lose a powerful tool for boosting its global exposure. Nonetheless, the chain has not made any declaration on its potential end. It remains to be seen whether the editorial line will be changed, which could help Qatar alleviate the consequences of the regional exclusion.


Read the original french article, written by Yunews, here : https://www.lesdecryptages.fr/al-jazeera-cris

Charlottesville : What responsibility for Trump ?

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On Saturday August 12, a meeting of neo-nazis and white supremacists was held in Charlottesville, Virginia. Anti-racism demonstrators gathered to protest against this American far-right show of force; a man drove his car into the group, causing the death of a 32 year old female protester and hurting more than 20 people. The FBI launched an investigation and soon designated a murderer: James Field, a 20 year old man with ties to the neo-nazi movement. The police called this act a homicide and mentioned that the act was intentional, however president Trump initially refused to publicly condemn the crime, instead mentioning “violence from both sides” without readily incriminating the racist demonstrators.

What does this tragic event reveal about the treatment of the alt-right’s violence ?

Far-right’s terrorism is a curse in the United States: there are several recent examples, like the shooting in a black church in Charleston by a white supremacist (leaving 9 dead), or the murder of 7 people in a Sikh temple in 2012. Researchers Charles Kurzman and David Schanzer estimated there were 337 attacks by far-right activists leading to 254 casualties in the U.S. since September 11th, 2001*. Meanwhile, islamist terrorism killed around 50 people since that same date. However, many media outlets and politicians tend to focus on islamist attacks to instill a climate of fear around the danger they see in Islam. The acting out by right-wing extremists is actually far more worrying.

Indeed, we can find many small active far-right groups, about a thousand in the entire US. Racist violence has reached a frightening level with a 584% increase in islamophobic crimes between 2014 and 2016, according to the CAIR (Council for American-Islamic Relations), an NGO defending Muslims’ civil rights in the United States. This rise can be partially explained by the trivialization of anti-islam positions like the one held by the Republican candidate during his campaign, and applied (with the #MuslimBan) once in power.

Add to that the ambiguous position held by the Trump administration toward far-right terrorism. Last August 5th, the Islamic center Dar Al Farooq, Minnesota, was the target of a bombing, qualified as a terrorist attack by Mark Dayton, the Minnesota governor. Nonetheless, president Trump remained mute on the subject – while tweeting recklessly on every subject. One of his advisors, Sebastian Gorka, even suggested that the act was the result of a manipulation from left-wing militants.

With the recent Charlottesville event, it took 48 hours for the president to give a clear statement, hinting to a possible complacency toward those who actively supported his campaign. He finally provided those words on August 14th, after an outcry from his own political party:  “Racism is Evil. And those who cause violence in its name are criminals and brutes, including the KKK, Neo-nazis, white supremacists and other hate groups that are repugnant to everything we hold dear as Americans.” A declaration which would go without saying for any political leader, but which had been long-awaited because of the  previous positions and actions of the president, and of those around him with a dubious past. A declaration which was also quickly made unclear when Trump parallely mentioned alt-right and alt-left violence, although the murderer is undoubtedly a neo-nazi.

As long as we do not condemn with equal intensity a racist attack and an islamist attack, we will fuel extremist movements in their hate projects. The image of a white murderer qualified as an unstable person, but immediately designated as a terrorist when his beard is too long, must be removed from the media landscape. Although it all seems obvious with our hindsight, it is almost impossible within the mainstream media’s obsession toward Islam, widely shared in Europe. The first step, if we want to combat this violence, is to condemn – with the same strength – all murderers, regardless of their ideology. It is also to stop any ambiguity that might feed bitterness, fuel fantasies and yield evermore violence.


Read the original french article, written by Ménélas Kosadinos, here : https://www.lesdecryptages.fr/charlottesville-trump-irresponsable-tribune