L’Art objet d’influences et de diversité

L’Art objet d’influences et de diversitéTemps de lecture estimé : 6 min

L’Art est l’entité culturelle issue de toute forme de chose créée par l’esprit. Jean-Paul Sartre s’exprimait notamment sur l’existence de la chose avant sa création, laquelle est présente dans l’idée de l’artisan.

C’est dès lors tout un concept qui se crée, définissant l’Art comme préconstitué à sa matérialité. Né de l’imaginaire, il est source d’émotion, de sentiment et de ressentiment, de description et d’influence. Ainsi, l’Art est un ensemble qui s’exprime par la création, qu’il s’agisse de l’assemblage de matériaux, ou de traces faites par différents outils, c’est avant tout chose existante à travers l’idée du créateur. L’idée étant essentielle, elle est la ligne directrice de l’œuvre de l’artisan.

Mais c’est quelque chose qui est respectif de chaque société, car la culture humaine évolue et se diversifie, ou bien parfois malheureusement, vient à disparaître.  De fait, l’Homme par son évolution, fait de l’Art une entité malléable, objet de représentation de l’époque, souvenir et mémoire d’un instant passé ou d’une idée dont la volonté de l’artisan était de la partager, de la promouvoir.

L’Homme crée ce qu’il peut voir, sentir et entendre. Dès lors en ont découlé le théâtre, la musique, la danse, la poésie, la peinture ou encore la sculpture ; pour ne s’arrêter qu’aux fondamentaux. L’on pourrait encore persister sur la philosophie de l’Art en sa question, « Qu’est-ce que l’Art ? »

L’Art est souvent catégorisé sous deux angles, qui sont celui des beaux-arts, et celui de l’Art utile. Le premier est celui issu de la culture du beau, du reflet de l’émotion et du sentiment. Le second étant créé dans des fins d’utilité, de matérialité et de besoin. Du principe du beau découle celui de l’Art.

L’imitation, condition d’Art ?

Selon les écoles réaliste ou naturaliste, le principe de l’Art est d’imiter au mieux la nature en ses aspects les plus purs. L’on obtient ainsi une création de ce qui est considéré comme reflet du bien-être, l’aspect naturel. C’est là qu’intervienne nos compétences nées de notre imaginaire, puisque se développe la pluralité qu’induit l’Art, à savoir la création, dans son sens infini. Il nous est possible de modifier jusque dans la limite de notre imaginaire, toute forme, toute chose concrète et existante.

De fait l’imitation ne doit pas être considérée comme seule source d’esthétisme dans l’Art puisqu’elle ne lui est pas forcément nécessaire. Elle est d’ailleurs parfois exclue de nombreux domaines que sont la littérature ou la sculpture. Ceux-ci pouvant être nés dans l’imaginaire le plus complet de l’artisan. Lequel parfois considéré seulement comme un technicien, agissant dans le but unique de la satisfaction sociétale, dénouée de profondeur et de réflexion. Il se doit pourtant d’être le seul interprète et juge de ses créations. Il ne peut se soumettre à une quelconque approbation extérieure.

De plus, si l’imitation est trop réelle, elle fait perdre à l’Art son esthétisme et de fait tout son imaginaire. Il est observable qu’au théâtre, nous nous retrouvons immergés dans un univers tout entier.

Les pièces de théâtres à connotation historique trouvent leur intérêt dans l’imitation limitée de l’époque voulue. L’œuvre de Racine, Britannicus, en est le fait. Se fondant sur la situation impériale de Néron, elle plonge les spectateurs et lecteurs dans un univers lointain et contemplatif, non-seulement par ses discours mais aussi par les cultures et coutumes romaines.

L’expression comme source de création

L’artisan crée par ses idées, reçues, acquises et apprises. Il n’est dès lors jamais vraiment auteur de l’immatériel, mais créateur de la matérialité.  C’est lui qui selon ses divergences sentimentales et émotionnelles, fait obtenir à sa création une forme, une idée ou une connotation nouvelle.

Mais l’artiste n’est pas le seul auteur de l’Art, et c’est là tout un concept. Puisque le spectateur, qui est aussi parfois lecteur, se voit être auteur de nouvelles choses par la seule et unique observation de la création de l’artisan. Ainsi la nature humaine et sa diversité, forme une infinité d’opinions et d’émotions, à partir seulement d’une seule et même création. Là où cela aura connotation politique pour l’un, ce pourra n’être que seulement contemplation et splendeur pour un autre.

D’autre part Hegel s’exprime sur les trois formes d’expression de l’Art. La première étant le symbolique. L’intelligence humaine ne pouvant transcender la nature, elle fait, pour paraître supérieure à elle, une approche vague et houleuse de celle-ci, souhaitant faire paraître une certaine signification dans cette approche. C’est un rapprochement superficiel et douteux, qui se fait à travers un arbitraire dans des fins mal définies.

La seconde est l’idée. L’intelligence, principe d’activité libre, harmonise. Et ne peut du fait de sa nature, être abstraite. Elle fait obtenir la sereine beauté, c’est l’art de la belle époque grecque.

Enfin il s’agit de la forme romantique, laquelle se fonde sur l’esprit qui ne se contente pas de cette forme. Il cherche en son intérieur, dans sa conscience la plus profonde l’objet suprême de sa satisfaction.

Herbert Spencer et l’art respectif d’histoire

Philosophe anglais du XXe siècle, il est celui qui explique que l’Art naît de l’évolution sociétale. Laquelle crée l’Art. Ainsi il parvient à expliquer le fait que peinture, sculpture et langage écrit, sont étroitement liés à l’architecture.

De même que diverses populations archaïques, telles que les communautés traditionnelles d’Australie, peignent des personnages sur les parois des cavernes qui sont pour eux des lieux sacrés, les Egyptiens et les Assyriens décorent de peintures murales le temple du dieu et le palais du roi, confondus à l’origine. Cette décoration murale se différencie peu à peu en peinture et sculpture.

En Grèce il s’agit des mêmes étapes. La peinture et la sculpture y sont d’abord unies avec leur mère, l’architecture, et sont également les servantes de la religion et du gouvernement. Quand les statues se séparent définitivement des bâtiments avec lesquels elles faisaient corps, elles restent revêtues de couleurs, en souvenir des bas-reliefs d’où elles descendent. Et c’est seulement dans les périodes relativement récentes de la civilisation grecque que la différenciation entre la peinture et la sculpture semble être devenue complète. 

Il en va de même pour l’art chrétien. La peinture et la sculpture y sont des démembrements de l’architecture. Toutes deux maintiennent des relations étroites. Elles sont l’une et l’autre, comme en Egypte et en Assyrie, « -un instrument de gouvernement et de religion- » ; elles servent à décorer des tombes dans les églises ou les palais et sont donc vouées aux légendes sacrées.

L’Art est ainsi sujet d’humanité, de culture et de diversité. Il comprend les illusions et superficialités qui confortent chacun, tout en étant sujet d’expression et de volonté.

Mathéo Gilbert