Archive dans mai 2017

Découvrez les visages de notre nouveau gouvernement !

Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a annoncé mercredi 17 mai la composition du gouvernement d’Edouard Philippe. Strictement paritaire, le gouvernement a 54,6 ans de moyenne d’âge. Découvrez les nouveaux visages qui le composent !


Infographies réalisées – avec talent – par Théo Dumonteil.


Accropolis“, chaîne de streaming politique communautaire, a réalisé un document comprenant quelques statistiques et informations sur le gouvernement. Consultez-le pour en savoir plus ! > framapad.org/gouvernement

Rencontre avec Guillaume Balas, député européen

Rôle d’un député européen, journée-type de celui-ci, avenir de l’Union Européenne, … Yanis Djaout-Fares s’est entretenu avec Guillaume Balas, député européen socialiste.

YDF : Bonjour Guillaume ! Merci d’avoir accepté de répondre à nos quelques questions malgré votre emploi du temps chargé. Entrons dans le vif su sujet : en quoi consiste le travail d’un député européen ?

GB : Le travail d’un eurodéputé consiste à fabriquer la loi européenne, à savoir les directives et les règlements; notamment en travaillant à partir des textes proposés par la Commission Européenne. Nous n’avons malheureusement pas le pouvoir d’initiative (proposer des lois) mais nous devons voter pour dire oui/non ou amender ce qui nous est proposé par la Commission et par le Conseil. Auparavant, le Parlement Européen n’avait qu’une voix consultative, aujourd’hui on doit avoir son accord pour faire passer des règlements et des directives.

YDF : Donc un député européen ne fait qu’assister à des séances parlementaires et voter pour ou contre des lois ?

GB : Non, nous sommes très actif parce qu’il y a énormément de règlements et de directives. Nous avons le droit de faire des rapports d’initiatives mais qui n’ont pas de force de loi ; même si après c’est utile politiquement parce que ça fait pression sur la Commission. En revanche, il est vrai que le jour où nous voudrons entrer dans une vraie démocratie européenne, il faudra que le parlement européen ait le pouvoir d’initiative législative.

YDF : Et plus concrètement encore, qu’est-ce que la journée-type d’un député européen ?

GB : La journée typique d’un eurodéputé commence par partir très tôt pour Bruxelles et de souvent y dormir. Travailler dans trois directions : la première concerne la délégation de groupe. Pour moi c’est celle du Parti Socialiste Français, nous travaillons beaucoup ensemble, nous sommes treize, très unis. Nous débattons beaucoup pour avoir des positions communes. Ensuite, nous travaillons avec le groupe socialiste européen pour faire passer ce que nous voulons, nous socialistes français ajouter comme amendements. Puis il y a le travail en commission parlementaire comme un député à l’Assemblée Nationale, qui a un rôle très important chez nous. Je suis membre de la commission Affaires Sociales et Emploi et Environnement, c’est là où notamment nous attrapons des rapports que nous devons rédiger et faire voter, ce qui n’est pas simple quand il n’y a pas de majorité.

YDF : Si on s’oriente vers un rêve de fédéralisme européen, pensez-vous que le rôle ou le poids d’un eurodéputé aura un rôle supérieur à celui d’un député national ?

GB : Nous, au Parti Socialiste nous avons toujours pensé qu’il fallait organiser la Zone Euro et faire un parlement de la Zone Euro. De ce point de vue-là, s’il y a un parlement de la Zone Euro, l’idée serait de faire des transferts de compétences nationales comme par exemple la fiscalité et tout ce qui se rapporte au social. Oui, il y aura des compétences qui seront supérieures. Mais dès aujourd’hui il ne faut pas oublier que 80% des législations nationales sont d’origines européennes. Et donc en réalité en tant que parlementaire européen, je suis désolé pour mes amis parlementaire français (rires), nous avons parfois plus de pouvoir qu’eux. C’est la réalité.

YDF : L’Europe de demain, comment la penses-vous ? Comment voudriez-vous qu’elle soit ?

GB : Et bien l’Europe de demain risque de ne pas exister, c’est surtout ça qui m’inquiète. Il y a deux voies aujourd’hui qui sont très néfastes. La première c’est de continuer le laisser-faire européen ce qui aboutira à sa désintégration. Si personne ne fait rien pour la changer les peuples s’en détourneront. La deuxième voie, c’est de mettre de telles conditions à l’Europe que forcément nous en sortirons et personne ne voudra obéir à la France. Je crois qu’aujourd’hui il faut proposer. Depuis trop longtemps la France ne propose plus rien en Europe, ce qui ne veut pas dire que c’est à prendre ou à laisser. C’est à négocier, c’est ce que fait aujourd’hui Benoît Hamon avec son traité de la Zone Euro comme la question de l’énergie. Et c’est ce que font les sociaux-démocrates au niveau européen. Il y a urgence à changer l’Europe si on veut sauver l’Europe.

YDF : Que pensez-vous de l’affaire qui implique M. Barroso ? (l’embauche par Goldman Sachs d’un ex-président de la Commission européenne, NDLR)

GB : Je pense qu’il faut mettre fin aujourd’hui à tous ces types scandaleux de conflits d’intérêts. Il doit y avoir des règles très claires sur le fait qu’un commissaire européen (équivalent de ministre, ndlr) ne peut pas, après son mandat, travailler dans une grande entreprise comme Goldman Sachs qui est une entreprise qui a toujours fait en sorte d’avoir un lobbying actif auprès des députés européens, des institutions de Bruxelles, c’est un danger. Nous voyons tout de même que Goldman Sachs sait promettre des recrutements. Il faut y mettre fin. Cela fait partie du fait que les peuples se détournent de plus en plus de l’Europe, nous devons de ce point de vue-là écarter définitivement les lobbyings du pouvoir. Que nous rencontrions des entreprises, des associations c’est normal. Qu’elles dirigent l’Europe c’est impossible.

YDF : “Les Décryptages” est un média digital, qui propose de décrypter l’information et de la rendre accessible au plus grand nombre. Pour vous, quel accès demain à l’information ?

GB : Je pense que de ce point de vue-là, il y a une question qui se pose. Je rencontre beaucoup de groupes scolaires et je vois bien qu’il y a contrairement à ce que nous pouvons penser, contrairement à il y a trente ans, ils sont beaucoup plus immédiats et surtout ils sont beaucoup plus informés. Se pose après ce qu’on appelle l’effet de communauté sur le net, c’est-à-dire que par intérêt, les citoyens mettent des barrières étanches et il est très difficile après de construire de l’intérêt général à partir de visions qui sont complètement différentes. Il y a donc toute une réflexion à avoir aujourd’hui sur la question du numérique, des jeunes et l’accès au numérique. Comment leur offrir les capacités de décryptages pour ensuite proposer une lecture transversale qui permette de construire un intérêt commun. Malheureusement, nous ne l’avons pas encore trouvé.

YDF : Merci pour ces réponses! Enfin, une question un peu plus personnelle : qui est l’homme derrière l’eurodéputé ?

GB : Je suis enseignant et c’est mon métier parce qu’être député c’est un mandat; et c’est transitoire. J’ai passé la plus grande partie de ma carrière dans le Val d’Oise (95). J’ai été enseignant dans toute la région parisienne pendant dix-huit ans et je continuerai à l’être. Par ailleurs, je suis aussi un militant socialiste depuis l’âge de dix-sept ans et j’espère que cette famille sera encore l’épicentre de la gauche de demain.


Merci encore à Guillaume Balas d’avoir répondu à nos questions!

Pour suivre son activité : http://www.guillaumebalas.eu

Vigipirate : kézaco ?

Suite aux terribles attentats de Janvier 2015, le plan Vigipirate est relancé.
Créé en 1978 suite à un attentat à l’aéroport d’Orly et une prise d’otage à l’ambassade d’Irak (effectuée par des militants pro-palestiniens en représailles de l’intervention de parachutistes français au Liban).
En 2003, dans le cadre de la guerre d’Irak, le plan est renforcé avec la mise en place d’un système de couleurs, définissant le danger, qui restera en vigueur jusqu’en 2014.
Depuis le 1er décembre 2016, le plan Vigipirate a été drastiquement renforcé en passant à un système à trois niveaux. Il est ainsi plus efficace face à la menace terroriste. En raison du grand risque d’attentat, il est probable que le plan Vigipirate dure encore quelques années. Décryptage.

Les niveaux actuels de Vigipirate ont été mis en place pour répondre à la menace  continue représentée actuellement par l’Etat Islamique. Tous les niveaux comprennent une vigilance et une protection de la population par des militaires; sous le nom d’Opération Sentinelle, unité qui compte aujourd’hui près de 7000 soldats actifs et pouvant aller jusqu’à 10 000 en cas de renforcement du plan.

Plusieurs niveaux d’alerte

Le premier niveau du plan est le niveau “vigilance” en vigueur sur tout le territoire. Il correspond à une surveillance permanente, sans limite dans le temps. En cas de menace élevée d’attentats terroristes, le plan peut-être renforcé et passe alors en “risque attentat” avec le renforcement des moyens déployés et l’addition de mesures telles que les fouilles et le renforcement des patrouilles. Ce plan est également intemporel et peut-être prolongé aussi longtemps que nécessaire, mais peut cependant n’être déployé que sur certaines zones (villes, départements, …) ou bâtiments spécifiques (écoles, églises, bâtiments de la fonction publique).
La dernière échelle du plan, “l’urgence attentat”, est exceptionnelle et n’est déclenchée qu’en cas de menace imminente et certifiée, ou en cas d’attaques terroristes (pour éviter tout sur-attentat). Ce dernier niveau comporte de nombreuses mesures contraignantes, telles que l’interdiction de tout rassemblement scolaire, la raréfaction des transports en communs, l’interdiction des manifestations ou encore la fermeture de certaines voies exposée. Ce dernier plan se déroule dans un court laps de temps au niveau régional ou national. Il est utile car il permet de mobiliser rapidement et efficacement tous les moyens à disposition, et ainsi prendre toute les mesures nécessaires à la protection de la population avec un maximum d’efficacité. Il permet aussi la diffusion d’informations et de conseils comportementaux sur les chaînes nationales et dans les écoles.

Un rôle multiple

Le rôle de Vigipirate est multiple. Si sa tâche principale est bien de protéger les citoyens contre une attaque terroriste, il a également pour objectif de sélectionner les zones et les événements à risque afin d’être en mesure d’y déployer un dispositif adapté (donc plus efficace) en fonction du niveau de l’alerte et l’importance de celle-ci. Un trop grand ou trop petit nombre de forces déployées peut nuire à l’efficacité de l’opération. Le dispositif vigipirate est constitué des forces de l’Opération Sentinelle, des groupes d’intervention de la police comme le RAID et de la gendarmerie comme le GIGN. Les secours sont également massivement mobilisés. Ces organisations sont formées afin d’être prêtes à tout moment et de se déployer rapidement. Le plan comporte également la surveillance d’individus par le biais d’agents de sécurité et d’un dispositif de vidéosurveillance.
Il organise des patrouilles, partie visible de l’opération, servant notamment de moyen de dissuasion. Mais aussi la mise en place de conseils pour montrer à la population comment réagir lors d’un attentat. Cela passe par la mise en place d’exercices de confinements dans les établissements et/ou par l’affichage dans un grand nombre de lieux publics de panneaux résumant comment réagir face à une attaque terroriste :

 


Le plan Vigipirate met également en place des campagnes de prévention pour les écoles jugée très sensibles et qui sont fortement protégées lorsque le plan est élevé à son niveau maximum. Aujourd’hui, le plan Vigipirate est en risque attentat. Pour les élections et afin de protéger les 67 000 bureaux de vote, le plan a été renforcé par 50 000 policiers et gendarmes. Face à la menace terroriste, la question de la sécurité a été au cœur des débats à tel point que certains se posent la question du maintien du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian même en cas de changement de gouvernements afin d’éviter un moment de flottement qui serait dangereux dans le contexte où nous vivons.

L’Etat d’urgence

Face à la menace terroriste, le conseil des ministres a voté au soir de l’attentat de Paris du 13 novembre 2015 l’état d’urgence ; c’est un moyen supplémentaire de lutte contre le terrorisme, à travers l’autorisation de perquisitions sans mandat de jour comme de nuit, l’interdiction de rassemblements jugés trop risqués, des assignations à résidence et la fermeture de certains lieux publics. Il était à l’origine censé durer trois mois mais face à l’ampleur de la menace, il est aujourd’hui toujours d’actualité.
Mais ce plan ne fait pas que des heureux : il est, par exemple, vivement critiqué par Amnesty International. En effet, l’ONG  considère l’État d’urgence comme une “violation de la vie privée” qui, toujours selon elle, “empêcherait les gens d’avoir une vie normale et une vie privée”.
Le sort de l’État d’urgence divise également les finalistes de l’élection présidentielle : Marine Le Pen souhaite sa prolongation, Emmanuel Macron veut y mettre fin et développer le renforcement du renseignement territorial en substitut.